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Louise MICHEL

OCÉANIDE

Avec les vagues, sous la houle,
Les temps présents, les temps passés
Se mêlent et viennent en foule,
Montant au cœur à flots pressés.

Et tout ce qui vit sur la terre,
Et tout ce qui dort sous les eaux,
Lève le voile du mystère
Et parle avec la voix des flots.

Louise MICHEL , entre 1873 et 1880

 

L’ALCHIMISTE

Dis-moi, vieil Élephax, que vois-tu dans les runes ?
Pourquoi l’Ourse, ce soir, a-t-elle un fauve éclat ?
Allons, vieil Élephax, le pêcheur a les dunes,
Nous avons l’infini, l’Océan sans lagunes,
Pour voyager, une flamme arborée au grand mat.

N’avons-nous pas le temps ? N’avons-nous pas l’espace ?
N’avons-nous pas la mort, la transformation
Des êtres et du monde, l’époque qui se passe,
Résumant le progrès, mélangeant toute race,
Pour un progrès plus haut sur la destruction ?

Mais ta noire science, Élephax, est muette.
Dans nos cerveaux grossiers tout n’est que rudiment ;
Sur la terre marâtre où le mal est en fête,
Nous rampons, ignorants et pareils à la bête.
Ne peut-on voir au loin et devancer les temps ?

Louise MICHEL, vers 1865