Elles ont quitté la clairière,
Quitté la lande et le guéret. . .
Cinquante ans ont tout éclairé
D'une trop vivace lumière.
Elles aimaient les nuits feuillées
Des sentiers où le faune est roi,
Lorsque septembre accroche aux bois
Son odeur de feuilles mouillées
Les fées.

Elles vivaient de clair de lune
Et, dansant près des rochers blancs,
Elles ont peuplé le Morvan
De leurs ribambelles nocturnes.
Elles glissaient sur nos veillées
Un heureux et peureux frisson.
Hélas! aujourd'hui elles sont
Mortes de n'être plus aimées
Les fées.

Elles rêvaient à leurs fenêtres
Faites de brouillard et de vent,
À de beaux chevaliers errants
Qu'elles enchanteraient peut-être.
Mais Brocéliande est déboisée,
Parsifal a changé de nom ;
Elles ont beau faire, elles n'ont
Pas leur place dans les fusées
Les fées.

Pleurons nos petites sirènes !
Le temps d'enfance est dépassé.
Et restent cucurbitacées,
Les potirons des fées marraines ...
Vieilles baguettes consignées
Dans les tiroirs du grand passé,
Votre pouvoir s'est émoussé
Depuis que se sont résignées
Les fées.

Elles ont quitté la clairière,
Quitté la lande et le guéret. . .
Cinquante ans ont tout éclairé
D'une trop vivace lumière.
Elles glissaient sur nos veillées
Un heureux et peureux frisson.
Hélas! aujourd'hui elles sont
Mortes de n'être plus aimées
Les fées.

 

Paroles, musique et chant : Jean-Pierre GIRARD